Oiseaux du Monde n°323 – Janvier 2015
Cher Antoine, voici quelques années maintenant que nous nous connaissons ; juge modeste et des plus abordables, tu as toujours été au service des clubs et éleveurs sollicitant tes conseils et ton expertise. Pour commencer, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Antoine Million. J’ai aimé très vite les canaris. Au début de ma passion dans les années soixante, je m’apercevais que personne autour de moi ne pouvait me guider et me donner des réponses positives quand je posais des questions comme par exemple « qu’est-ce qu’un agate ? ». Un jour dans le journal des oiseaux, j’ai vu une publicité de M. Mario Aschéri « Centre technique d’élevage ». À ce moment là, je jouais encore au rugby et sur un déplacement sportif sur Paris, j’ai sollicité un rendez-vous. Il m’a gentiment fait voir son élevage. Quand j’ai vu les oiseaux qu’il m’a présenté, j’ai compris que dans notre région, nous étions à des années lumières en comparaison avec ce que j’avais vu. Nous avons accroché très rapidement. Il a été très généreux de bien vouloir me donner des explications et de me guider sur plusieurs années pour démarrer un élevage correct et comme «il doit se faire».
J’ai continué à travailler ses oiseaux, mais en cherchant à toujours aller plus loin. En parallèle, je dois dire que j’ai eu la chance de connaître les premières mutations du Canari.
Quelles différences vois-tu entre le jour où tu as embrassé le sacerdoce de juge et aujourd’hui où tu as décidé de tirer ta révérence ?
J’ai déjà été très honoré d’avoir été nommé juge. Les jugements m’ont permis de voir une chose très intéressante : l’évolution du Canari couleur selon les différentes régions. Je m’explique : les frontaliers avec la Belgique ont des oiseaux d’une certaine spécificité que les gens du sud n’ont pas, car ils sont plus proches des italiens. Il y a donc bien une influence latine sur notre région du sud notamment dans l’interprétation de la mélanine. Ce qui fait le charme de l’élevage, c’est la confrontation de tous ces points de vue. Au final c’est l’oiseau qui gagne car on fait vraiment de beaux oiseaux.Au début de mes jugements, les réceptions étaient précaires. Il y a eu une très grosse évolution. Ainsi entre mon premier championnat de France à Amiens et aujourd’hui, c’est le jour et la nuit…
Je me souviens encore de mon premier jugement ; c’était à St Etienne… le jugement se faisait dans une chambre d’hôtel…
Juge, éleveur et compétiteur, je crois me souvenir que les noir opale sont parmi tes oiseaux préférés. Quelles difficultés majeures as-tu remarqué relativement au travail et à la présentation de la variété ?
Au début, la qualité du plumage était déplorable. Avec des plumes qui ne tenaient pas… on appelait cela de la « tôle ondulée »… Avec mon ami Marc Boccara qui a été un pionnier de l’opale, nous pensions qu’on n’arriverait jamais à obtenir de bons noirs opale. Un jour, j’ai eu l’occasion de récupérer noir opale porteur d’agate. En trois ans, j’ai réussi à faire une souche avec un plumage correct. Mes oiseaux ont souvent fait leurs preuves tant aux nationaux qu’à Reggio Emilia.
Comment as-tu orienté ton travail pour y faire face ?
D’un naturel et aimant la difficulté, j’ai mis cet oiseau sur des noirs mosaïque rouge et ai fait des porteurs. Ces oiseaux porteurs ont ensuite été travaillés entre eux pour obtenir des purs. J’ai organisé mon élevage en ce sens là. Puis la souche étant en place, j’ai accouplé pur sur porteur tout en m’éloignant de la consanguinité…On avait des mélanines bien apparentes dans la typicité du noir opale, mais il manquait l’oxydation du bec et des pattes. À force de travailler, on y est arrivé ! Et c’était de l’oxydation maximale naturelle ! Maintenant certains, ajoutent du polygonum et les mettent au soleil pour les oxyder.
Le National des Herbiers du mois dernier a signé la fin de ta carrière de juge expert. Comment as-tu trouvé la qualité des oiseaux soumis à ton appréciation ?
Bien, très bien ! Nos éleveurs travaillent bien et il faut leur rendre hommage. Les gens s’appliquent à faire de bons oiseaux. Il faut les remercier car ce sont eux qui travaillent ! Il faut que les éleveurs expérimentés aident à transmettre les connaissances aux jeunes qui arrivent dans l’élevage ! Il faut que dans le monde des oiseaux reste l’esprit d’amitié !J’ai jugé avec Francis Lemoine notamment des agate jaune. Il y a toujours dans une série des oiseaux moyens, les éleveurs ne sont pas tous à la même hauteur pour des questions de savoir, de disponibilité, de local… Mais globalement, les oiseaux étaient d’un très bon niveau !
En tant que juge, l’oiseau est un tout, lorsqu’il y a un petit défaut, il faut savoir l’oublier !
Antoine, un dernier mot ?
Oui, je voudrais profiter de cette interview pour m’exprimer sur l’honneur que m’ont fait mes collègues au Championnat de France des Herbiers. J’étais tellement surpris que les gens étaient si gentils avec moi que j’ai n’ai pas su dire un mot. Je voudrais juste les remercier !
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