(Bycanistes bucinator)
Michel SAUQUET
La Ferme aux Oiseaux
Oiseaux du Monde n°357 – Mai 2018
J’ai le plaisir de vous informer du résultat des naissances concernant mon couple de Calaos trompettes. Ces oiseaux vivent dans les forêts tropicales du sud de l’Afrique jusqu’ à la Tanzanie et l’Ouganda.
L’origine de mes calaos est l’importation depuis la Tanzanie, au cours de l’année 2003. Impossible de se tromper concernant le dimorphisme sexuel : le mâle est plus imposant en taille, et a le bec plus développé (voir photos).
Après avoir séjourné dans mon local de quarantaine, ces oiseaux ont été logés dans une volière 8 x 2,5 x 2,5 m, y compris l’abri de 2 x 2,5 x 2,5 m non chauffé. Mais si les températures descendent de trop (en dessous de – 5°C), je les déplace dans un bâtiment hors gel durant cette période.
Ne connaissant pas leur âge à leur arrivée, je me suis tout de même rendu compte qu’ils n’étaient pas trop vieux, je pense qu’ils avaient 2 ans.
Première ponte
La première ponte a eu lieu en 2008, mais les jeunes sont morts au nid, je pense qu’ils étaient âgés d’une quinzaine de jours. Ne les entendant plus « piailler », j’ai ouvert le toit, et tout l’intérieur du tronc dégoulinait d’eau (condensation). Mon erreur est certainement due au fait que j’avais par précaution utilisé une plaque en fer pour couvrir le nichoir, pensant que le poids serait une sécurité. En réalité, le fer plus froid que le bois et non absorbant m’a trompé.
Suite à cet incident regrettable, j’ai donc pour l’année suivante remplacé le toit métallique par une simple planche et y ai ajouté un poids (pierre plate) ainsi que quelques trous tout autour du nid dans l’objectif d’aérer.Mes espoirs portent désormais sur la reproduction espérée et réussie de 2009.
Tout se déroule comme en 2008 : j’entends « piailler » les jeunes… Après environ neuf semaines, impatient de ne rien voir sortir du nid, j’ose ôter le toit pour vérifier la situation. A ce moment-là, la femelle en profite pour quitter le nid. Je constate la présence de deux jeunes en pleine forme, de la taille d’un pigeon, emplumés à environ 70/100 %. A cette occasion, j’avais dans mon parc deux visiteurs, éleveurs amateurs, passionnés bien évidemment, à qui j’ai montré les jeunes dans leur nid.
Afin de gérer ce problème, j’ai téléphoné à un confrère pour lui demander conseil : sa réponse a été claire et nette, rattraper la mère, et la remettre avec ses petits, ce que j’ai fait illico presto, espérant avoir sauvé cet incident …
48 heures après, je n’entendais plus rien. Soucieux, le volume de la nourriture diminuant moins qu’avant, mes inquiétudes s’amplifient. Je décide donc que si demain rien n’a changé, je contrôle à nouveau le nid. Mon analyse est sans appel, les jeunes sont morts, les parents ont cessé de les nourrir, j’ai une nouvelle fois regretté de ne pas être intervenu pour faire de l’EAM.
Enfin les premiers jeunes
Nous voici en 2011, je ne modifie rien, ne touche rien, ne calcule rien, simplement, j’entends et j’attends. Puis un matin vers 9 heures, un bruit de marteau piqueur, certes moins rapide mais combien plus écolo : la femelle s’active à détruire le mur qui dans un souci de protection, diminue le diamètre de l’entrée de leur nid afin d’empêcher l’éventuelle visite de prédateurs. A noter que le nid, fait en planches épaisses, a pour dimensions 40 x 40 x 60cm et un trou de passage de 12 cm de diamètre environ.
Les matériaux composant ce « ciment » sont constitués de leurs propres fientes mélangées à de la terre ; je confirme que séché, ce mélange est très résistant. Il ne reste qu’une fente d’environ 10 x 2,5 voire 3 cm pour que le père apporte la nourriture à sa femelle, qui à son tour, redistribue aux jeunes. Je précise que ce même accès sert pour le passage de la nourriture ainsi que des fientes qui sont évacuées vers l’extérieur avec pression, tout comme le font de nombreux cavernicoles, vous avez tous rencontré un nid d’étourneaux…..!!!! Quand j’étais gamin, je ne recherchais pas les nids de ces derniers en scrutant en l’air, mais plutôt au sol (moins pénible et plus efficace).
Je me rends donc à leur volière discrètement, et planqué dans le couloir, je constate que le passage ne va pas tarder à être opérationnel, la femelle continue à casser le ciment, alors que le mâle, perché à l’entrée du nid, l’encourage phonétiquement. Dix minutes plus tard, la femelle sort, magnifique, pas souillée, accueillie d’abord par son mâle, prête à séduire, suivie de ses deux jeunes de 2011 (deux femelles) qui, à leur tour la saluent… Émouvant…Concernant l’année 2012, le compte-rendu va être rapide : la femelle s’est murée normalement le 5 mars 2012 (je dis bien « s’est murée », car la femelle entre au nid, pour y déposer ses œufs sur un matelas de feuilles de bambou). Le mâle participe à cette besogne assidûment, mais lorsque madame a décidé que le moment était venu, elle ne sort plus et monsieur lui apporte le « ciment », chacun construit de son côté, en une journée les travaux sont terminés.
Tout se passe bien mais, environ 35 jours après, je n’entends rien et deux ou trois jours plus tard, le bruit « du marteau piqueur » et la femelle sort. Je contrôle l’intérieur du nid : rien, ni cadavre ni coquille. Je ne sais pas ce qui s’est passé, les jeunes de 2011 sont restés avec les parents, toute la famille s’entendait bien.
Retrouvez cet article et bien d’autresdans la revue Les Oiseaux du Monde n°357 – Mai 2018chaque mois les Oiseaux du Monde viennent nicher dans votre boite à lettres.POUR NE PAS EN PERDRE UNE MIETTE, ABONNEZ-VOUS ! |
Arrive 2013, le 5 mai (sans calendrier mais exactement à la même date), la femelle se mûre, environ 30 à 35 jours après, j’entends un piaillement, et chaque jour toujours un seul piaillement, j’en déduis donc qu’ il ne doit y avoir qu’un jeune, le 18 août, le matin aux alentours de 9 heures « marteau piqueur », et deux heures après, apparait un, puis deux, puis trois jeunes en super état de plumage qui dès le premier envol se perchent sans problème, découvrant un peu plus d’espace que dans leur nid de 40 x 40 x 60 cm où ils sont restés quand même à quatre durant 104 jours… Aujourd’hui, ils se portent à merveille et sont plutôt fiers d’être en famille et tout ce petit monde s’entend bien.
Marquage
Je ne bague pas les jeunes, je ne prends pas le risque de voir la réussite de cette reproduction anéantie par le simple fait d’avoir réalisé un baguage au nid. Cela pourrait être possible, le toit du nid est mobile, j’y renonce par respect de la tranquillité du bon déroulement de mon principal but, la reproduction en captivité. Il est possible d’identifier les jeunes officiellement par puçage électronique, c’est ce que je pratique.
1 Commentaire
Bonjour mr Sauquet je me permets de vous contacter afin d’avoir quelques informations concernant l’élevage des calaos trompette.
Si vous pouviez me contacter sur mon adresse mail
addax1617@gmail.com
Cordialement