Mariano Piscoppo
(Italie)
Oiseaux du Monde n°391 – Novembre 2021
Présentation
La Calopsitte élégante, Nymphicus hollandicus, anciennement connu sous le nom scientifique de « Leptolophus hollandicus », est actuellement reconnue, après de nombreuses controverses, comme la plus petite espèce de la famille des Cacatuidae. Elle a des origines australiennes et sa présence est concentrée dans les zones intérieures du pays mais peut varier selon les saisons : en fait on observe que pendant la période de reproduction estivale les différentes populations ont tendance à se déplacer vers le bord ouest de la Cordillère australienne et au nord de Victoria, tandis qu’à l’approche de l’automne (mars-mai) elles reviennent dans le nord-ouest de la Nouvelle-Galles du Sud atteignant le Queensland et le Territoire du Nord. Pendant l’hiver (juin-août), des spécimens de cette espèce peuvent être observés sur tout le territoire australien mais dans une moindre mesure dans la moitié sud de l’Australie occidentale.
Cette espèce a un bec typiquement granivore, de type « psittacidae » et de petite taille. Des études scientifiques ont montré que, bien que son régime soit principalement granivore, il n’est pas suffisant pour un entretien et une reproduction appropriés en captivité. Une alimentation équilibrée et adaptée à l’espèce doit contenir des légumineuses cuites, des fruits non sucrés et des légumes à feuilles avec des préférences particulières pour les herbes des prés, ainsi qu’un bon mélange de graines facilement disponibles sur le marché, avec une teneur en matières grasses pas trop élevée.
De plus, c’est l’une des rares espèces d’oiseaux exotiques exemptées du document CITES car elle n’entre pas dans les paramètres quantitatifs les plus critiques du danger d’extinction. [NDLR : En France, cette espèce est dite « domestique » et n’entre pas dans la règlementation afférente aux élevages…)]
La Calopsitte élégante est une espèce de reproduction facile en captivité, il n’y a pas de période précise pour la nidification. Dans la nature, la nidification a été observée à différents moments de l’année, mais il existe un schéma de nidification annuel qui correspond aux mois australiens les plus chauds entre août et janvier, même si la plupart des reproductions ont lieu pendant la période des pluies printanières dans le sud-est de l’Australie qui correspond à une période de pousse d’herbe et aux températures nocturnes plus basses. Dans la nature, ces animaux nichent dans des cavités d’eucalyptus de préférence près des sources d’eau. En captivité un nichoir adapté réside en une boîte de forme parallélépipédique placée en position verticale de 30-35 cm hauteur, avec une base de 25 x 25 cm et un trou d’entrée de 7 à 8 cm de diamètre réalisé en haut, au centre ou sur le côté, sous lequel sera placée une petite plate-forme ou perche en bois de 3-4 cm pour éviter au couple de casser les œufs en cas d’entrée trop brusque. Comme garnissage du nichoir, vous pouvez utiliser de la tourbe (composée de matières organiques), des copeaux ou des morceaux de hêtre stérilisés et dépoussiérés.
La ponte commence quelques jours (4-7) après l’accouplement, puis se poursuit un jour sur deux pour une quantité totale allant de 4 à 7 œufs, bien que j’ai enregistré des cas de 13 à 14 œufs tous fertiles dans mon élevage. La formation de l’embryon peut être observée en projetant un faisceau de lumière sur la coquille après environ 4-5 jours à compter du début de l’incubation par les deux parents qui a généralement lieu de manière alternée. J’ai observé que pendant la journée, les deux sujets ou seulement le mâle couvent, tandis que la nuit, nous trouverons rarement le mâle à l’intérieur du nid. La période d’incubation des œufs varie de 18 à 21 jours, les juvéniles sortiront du nid vers 4-5 semaines puis seront complètement indépendantes après environ 60-65 jours d’âge. À mon avis, les jeunes ne devraient être séparés de leurs parents qu’après 3-4 mois, sauf nécessité particulière.
Une volière adaptée à l’espèce également en période de reproduction doit mesurer au moins 1,50 m de long et 1 m de haut et au moins 50 à 60 cm de large, soit suspendue (sol grillagé) soit avec un sol en terre ou du sable, en se souvenant de la propension des oiseaux à gratter le sol. Un bon enrichissement environnemental à l’intérieur et à l’extérieur de la volière est également important.
Cet oiseau, dans sa forme ancestrale, a un corps élancé qui atteint 30-33 cm de couleur grise avec une crête érectile d’environ 5 cm, une bande alaire blanche, une face jaune et une tache orange, avec un poids allant de 89 à 100 grammes.
Chez les juvéniles, qui n’ont pas encore effectué la première mue, le plumage apparaît avec des rectrices striées, un croupion et parfois une partie du ventre barré, de sorte que les femelles resteront ainsi même à l’âge adulte.
Suite au travail de sélection des éleveurs, certains caractères ont évolué. Aujourd’hui, un bon adulte peut dépasser 35 à 37 cm de longueur, avec un poids d’environ 120 à 130 grammes, la crête érectile atteignant même 10 cm, la marque de joue plus rouge et une couleur de fond plus sombre.
Actuellement dans le monde, il existe diverses mutations et pour beaucoup d’entre elles, il est encore difficile d’utiliser des nomenclatures et des sélections correctes.
La mutation fallow
Prenons les fallow comme exemple, penchons-nous plus spécifiquement de cette mutation.
Le fallow est une mutation de la quantité ou de la qualité de l’eumélanine, il en existe plusieurs : le pâle fallow, le bronze fallow et le fallow cendré dont on peut formuler une description exhaustive, puis il existe d’autres types de fallow, comme le « dun » et « l’australien » dont, cependant, on en sait actuellement peu.
Depuis des décennies, en Italie comme dans la majeure partie du globe, seuls deux types de fallow ont été distingués, le pâle fallow et le bronze fallow.
En regardant quelques spécimens dans mon élevage, je me suis demandé comment il était possible qu’un fallow cendré et un pâle fallow soient reconnus sous une seule mutation (argenté récessif), alors que ce sont des oiseaux complètement différents.
Cette mutation a été établie en 1960 en Europe et initialement les spécimens étaient très faibles et présentaient des problèmes de cécité. Aussi, pour cette raison, elle a été peu considérée. Actuellement, les souches de cette mutation sont beaucoup plus fortes et de constitution normale. Chez le fallow cendré, l’eumélanine noire est réduite au gris tendant précisément à la couleur de la cendre. Bec gris avec une teinte cornée à la base ; cire, pattes, doigts, ongles gris chair. Œil rouge foncé.
Retrouvez cet article et bien d’autres
dans la revue Les Oiseaux du Monde n°391 – Novembre 2021
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Bronze fallow
Initialement reconnue sous la simple nomenclature « fallow », elle a été créée en 1971 aux États-Unis puis s’est étendue en Europe. Hérité en tant que gène autosomique récessif, il est dit être un allèle du rare lutino NSL (non lié au sexe), comme le montrent certaines expériences d’un éleveur européen. Cette mutation provoque une réduction qualitative de l’eumélanine noire qui devient de couleur brune. Près de la calotte, l’oiseau a tendance à avoir des nuances jaunes évidentes. Bec, cire, pattes, doigts et ongles couleur chair. L’œil sera bordeaux.
Pâle fallow
Mutation récessive, le pâle fallow, comme son nom l’indique, est parmi les fallow celui qui présente une plus grande réduction en eumélanine, autour de 90%, on se retrouvera donc devant un sujet gris clair aux nuances jaunes, ayant bec, cire, pattes, doigts et ongles couleur chair. Dans l’œil, nous remarquerons un iris et une pupille d’un rouge ardent.
Mon engagement personnel est de poursuivre les études sur ces mutations à travers des expériences et des évaluations avec les sujets de mon élevage dont j’ai pu tirer, pour l’instant, quelques conclusions, qui m’ont permis de dresser le tableau suivant :
Différences phénotypiques chez les mâles
Couleur ancestrale | Fallow cendré | Bronze fallow | Pâle fallow | |
---|---|---|---|---|
Front, sommet de la tête, joues, cou et gorge | Jaune vif passant au blanc grisâtre sur les bords | Jaune vif passant au blanc grisâtre sur les bords | Jaune vif passant au blanc grisâtre sur les bords | Jaune vif passant au blanc grisâtre sur les bords |
Tache auriculaire | Orange vif | Orange vif | Orange vif | Orange vif |
Huppe érectile | Jaune avec apex gris | Jaune avec apex gris brun | Jaune avec apex gris brun | Jaune avec apex gris |
Nuque, dos et ailes | Gris-noir | Gris fumé | Brun teinté de jaune | Gris clair teinté de jaune |
Poitrine et ventre | Gris | Gris clair | Brun clair | Gris clair |
Rémiges | Gris foncé, presque noir, avec bannière gris argenté | Gris | Brun | Gris clair |
Miroir alaire | Blanc | Blanc | Blanc | Blanc |
Croupion | Gris | Gris jaunâtre | Marron imprégné de jaune | Gris clair teinté de jaune |
Rectrices centrales | Gris argenté dans la partie supérieure et noir dans la partie inférieure, rachis gris foncé | Gris argenté dans la partie supérieure et gris dans la partie inférieure, rachis gris foncé | Brun clair dans la partie supérieure et brun dans la partie inférieure, rachis brun | Gris clair dans la partie supérieure et gris dans la partie inférieure, rachis gris |
Rectrices latérales | Gris très foncé, presque noir | Gris | Brun | Gris beige |
Œil | Noir | Rouge foncé | Bordeaux | Rouge vif |
Bec | Gris plomb avec cire grise | Gris avec nuance cornée à la base, cire gris chair | Couleur corne avec la cire de couleur chair | Couleur corne avec la cire de couleur chair |
Pattes et doigts | Gris foncé | Couleur chair | Couleur chair | Couleur chair |
Ongles | Noirs | Gris chair | Gris chair | Gris chair |
En espérant que cette clarification sera utile à tous les autres éleveurs de cette espèce et aux simples sympathisants de celle-ci, je reste disponible pour d’autres clarifications et comparaisons.
NDLR : l’existence du pâle fallow n’engage que l’auteur de l’article car la mutation n’est pas reconnue ni par l’OMJ, ni par la CNJF.
PSITTACOM
Président : M. Jany LECOMTE
Tél. : 06 16 44 08 65
Email : janylecomte@orange.fr
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