Influenza aviaire, Le bout du tunnel ?
C’est un secret pour personne, le monde de l’aviculture, de l’orniculture et de toute autre activité en rapport avec les oiseaux a souffert de cette pathologie particulièrement cruelle. Destruction de cheptels pour les uns, annulation de grands rendez-vous pour les autres, restrictions dans les déplacements, etc, etc…
Il semblerait que nous puissions tous entrevoir le bout du tunnel avec la publication récente de l’arrêté relatif aux mesures de surveillance, de prévention, de lutte et de vaccination contre influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) paru le 25 septembre 2023. Cet arrêté plutôt long (53 articles), nous tâcherons d’en faire ressortir les informations les plus importantes pour notre secteur.
Distinction entre les volailles et les oiseaux captifs
Le premier constat est que le texte s’adresse essentiellement aux propriétaires de volailles qu’il distingue clairement des éleveurs d’oiseaux de volière. Toutes les règles concernant la prévention et la lutte contre l’influenza sont avant tout orientées vers l’aviculture et la chasse. Ce qui est un grand progrès.
Des dérogations plus faciles à obtenir ?
Contrairement à ce que l’on peut lire sur plusieurs plateformes, les dérogations préfectorales ne sont pas supprimées. Cependant le processus peut être assoupli voire avoir plus de chances d’aboutir positivement. En effet, lors de périodes où la présence de l’influenza aviaire est officielle, une dérogation peut toujours s’avérer nécessaire pour l’organisation d’une manifestation ornithologique. Nous disposons désormais d’une liste publiée en annexe de l’article, qui définit les oiseaux soumis à dérogation.
ORDRES | ESPÈCES RÉPUTÉES ÉLEVÉES DE MANIÈRE SYSTÉMATIQUE EN VOLIÈRE et pouvant à ce titre bénéficier de dérogation vis-à-vis de l’interdiction des rassemblements |
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Apodiformes | Colibris. |
Columbiformes | Toutes espèces (y compris par dérogation les pigeons voyageurs et pigeons de sport) |
Cuculiformes | Toutes espèces |
Galliformes | Cailles peintes de Chine et cailles du Japon |
Passériformes | Toutes espèces |
Piciformes | Toucans |
Psittaciformes | Toutes espèces |
Comme vous le constaterez, la liste est très généraliste. Là où l’obtention de ces dérogations pouvait s’avérer difficile auprès de certaines préfectures, elle pourrait apporter des arguments supplémentaires pour l’organisation de nos manifestations. A voir dans la pratique, nous conseillons toutefois les organisateurs d’expositions, concours, bourses, à joindre cette annexe à leur dossier de demande de dérogation.
Des règles ?
Il y a cependant des règles à suivre, mais qui concernent les éleveurs ayant la détention d’une forte concentration d’oiseaux. Porté par le risque de propagation inter-espèces de l’IAHP, qui est toujours possible, même s’il n’y a pas eu encore de précédent pour cette pathologie, des habitudes doivent être prises.
Quand l’élevage répond aux critères de risque élevé : que ce soit par la zone (à risque particulier), et que la situation soit défavorable (risques modéré et élevé), ces dispositions sont à respecter :
- isoler les mangeoires et abreuvoirs du contact avec la faune extérieure,
- protéger les volières avec des filets ou si impossible les oiseaux devront être claustrés,
On pourrait aussi ajouter d’utiliser des moyens de désinfection adaptés pour l’accès aux installations et le nettoyage des instruments, mais n’est-ce pas ce que font déjà tous les éleveurs adhérents à l’Union Ornithologique de France ?
En outre sur l’observation de certains signes par l’éleveur, celui-ci doit faire une déclaration au vétérinaire sanitaire. Ces signes sont :
- multiplication par 3 de la mortalité quotidienne normale,
- baisse de la consommation d’eau ou d’aliment de plus de 25%,
- chute de ponte de plus de 15% sur une journée ou de plus de 5% par jour pendant 3 jours.
Ces règles bien qu’applicables au secteur de la volaille en forte concentration peut donner à sourire pour n’importe quel éleveur d’oiseau d’ornement…
Et le transport ?
Les véhicules utilisés pour le transport d’animaux ou des produits dérivés (nourriture, œufs, litière, déjections…) doivent être systématiquement désinfectés après chaque utilisation, dès lors qu’ils sont situés dans une zone réglementée.
Un point qui suscite l’interrogation
Concernant la vaccination, celle-ci ne concerne que les canards de rente et est interdite à tout autre oiseau. Il est par contre annoncé qu’une vaccination préventive peut être mise en place pour des oiseaux possédant une valeur génétique, culturelle ou éducative élevée dûment justifiée. Cette notion à mon humble avis jette la confusion dans ce document. On verra ce que les experts en penseront, vos réactions en commentaire…
Si la SCAF (Société Centrale d’Aviculture de France) qui a été particulièrement active sur ce dossier (et nous l’en remercions) entrevoit une perspective positive pour l’organisation des rassemblements avicoles, pourquoi, nous autres éleveurs d’oiseaux de volière, devrions-nous nous sentir plus mal placés ? Il faut se réjouir de la publication de cet arrêté, mais rester vigilant dans son application.
Texte rédigé par Denis Pasques, relu par Michel Liano.